lire le livre L'enseignement dans le chaos des réformes et des attentes (Enseigner les mathématiques t. 2)

Existe-t-il un avenir pour nos élèves scientifiques ? Qu’apprend-on en terminale S ? Pourquoi la majorité des professeurs de sciences en lycée ou post-BAC sont-ils horrifiés par les nouveaux programmes et les nouveaux horaires ? Que risque-t-on en imposant les TICE à toute occasion, même quand cela nuit à l’apprentissage des concepts, les déforme, et les rend incompréhensibles ? L’outil numérique est-il une chance pour l’enseignement ?Voulez-vous savoir ce que les professeurs disent dans les couloirs au sujet de l’évaluation par compétences, de l’accompagnement personnalisé et des méthodes pédagogiques qu’ils sont obligés de mettre en œuvre ?Tout cela est grave car ce sont nos enfants et leur avenir qui est en jeu. On ne forme pas mieux aujourd’hui en interdisant à un élève de suivre un enseignement scientifique décent au lycée même quand il en manifeste le désir et a obtenu de bons résultats au collège. On préfère le faire patienter 3 ans, sans renoncer pour autant à l’occuper avec des semaines trop chargées. Est-ce souhaitable ?De tels choix ont beaucoup de conséquences dont il faut parler sans tergiverser. La parole doit être suffisamment libérée pour ne pas devenir insipide, et les élèves, les étudiants et les professeurs ont leur mot à dire. On ne les entend pas beaucoup dans les média, et ce sont les grands oubliés des consultations nationales. Parler de l'enseignement sans interroger les enseignants, c’est comme discuter de la meilleure façon de faire du pain en interdisant aux boulangers de s'exprimer.Ce livre dévoile des réalités de l’enseignement en 2013, et analyse quelques conséquences des séries de réformes qui s’abattent sur l’éducation nationale depuis 30 ans. Que penser du pilotage de l’école par les compétences ? Qui seront les scientifiques et les ingénieurs de demain ? Devrons-nous gérer une pénurie programmée en recrutant d’urgence des scientifiques, des ingénieurs et des techniciens diplômés formés aux Indes ou en Chine ?Ne lisez pas ce livre si vous pensez que, dans le primaire, lire, écrire et compter, c'est désuet, et qu’apprendre l'anglais en maternelle par visioconférence, c'est tendance !EXTRAITS« Autre exemple marquant : celui des coefficients du binôme. Au lieu de présenter celui-ci comme le nombre de parties à k éléments dans un ensemble à n éléments (plus simplement dit, de combien de manières dans une classe de 30 élèves peut-on créer de binômes, par exemple) et bien, on enseigne en première S que c’est le nombre de manières d’avoir k succès (dans une épreuve de Bernoulli) en répétant n fois l’expérience. Alors le cours ressemble à ceci : on fait un gros arbre de dénombrement, puis on visualise le nombre de chemins donnant k succès et on arrive péniblement au triangle de Pascal. Encore un bel exemple de transposition didactique. En plus, il est formellement interdit de donner la définition avec les factorielles, car c’est mal (je n’ai pas trouvé d’autres raisons apparentes). Et pour calculer ces coefficients, c’est magique, on prend… sa calculatrice ! N’est-ce pas merveilleux. »« N'est-il pas paradoxal d'apprendre que dans la mythique Silicon Valley, le directeur technique d'eBay, comme de très nombreux cadres de Google, Apple, Yahoo ou Hewlett-Packard, inscrivent leurs enfants dans une école où l'ordinateur est interdit.Les enseignements se font avec des tableaux classiques, de la craie, des stylos et du papier, et l'on trouvera par contre des aiguilles à tricoter et de la pâte à modeler pour les plus petits. L'usage d'ordinateurs, de tablettes numériques et de téléphones intelligents, tout comme celui d'écrans et de télévisions, est prohibé dans l'enceinte de l'établissement, et même déconseillé à la maison quand l'enfant est dans les petites classes.(…) On imagine mal que des parents qui travaillent dans des sociétés High-Tech se méfient autant des travers des nouvelles technologies numériques pour l'éducation, mais peut-être sont-ils en avance sur les